vendredi 22 juin 2012

Machu Pichu ou pas ?



Lorsqu’on raconte que l’on est allé au Pérou, la question la plus fréquente que l’on nous pose est :

-« Etes-vous allés au Machu Pichu ? »
-« Non, on est allé à Leoncio Prado. »
-« ? »

Et ça, ça vaut tous les "Machu Pichu" du monde.
Autres questions fréquentes : « Avez-vous vu…, avez-vous visité…. ? » Parfois on répond oui, mais le plus souvent c’est non…



Le touriste c’est celui qui part en vacances sur un temps plutôt court (quoique, on a vu des personnes faire les touristes pendant un an) pour se détendre, pour décompresser. C’est celui qui a envie de voir du pays, qui vaut rentabiliser son trajet en voyant un maximum de choses, visiter, courir à droite à gauche, aller au restaurant, avoir des images pleins la tête, 2 ou 3 anecdotes à raconter, des photos plein l’appareil, ne surtout pas louper ce qu’il y a écrit dans le guide touristique, voir les choses dont tout le monde parle, avoir ses logements réservés, être sûr d’être pris en charge par son tour operateur en cas de problème, c’est celui qui prend son téléphone portable pour râler sur son agence de voyage parce que ça ne s’est pas passé comme sur la brochure, et pour finir, c’est celui qui rentre avec le portemonnaie vide.

        Très rapidement au début du voyage, on n’a plus envie de passer pour des touristes. Il y a peut-être autre chose à vivre…être voyageur…

Le voyageur c’est celui qui veut être nourri par son voyage, être transformé, grandi, se laisser guider par le voyage, être à l’écoute de soi et des autres, sortir des itinéraires prévus. Le voyageur c’est celui qui se demande : « qu’est-ce que je recherche ? Est-ce que cela va me nourrir ? Qu’ai-je à donner ? » Quand il arrive une tuile au voyageur, il se débrouille en demandant de l’aide aux locaux, par exemple en demandant l’hospitalité…c’est souvent la base des plus beaux souvenirs. Quels sont les souvenirs qui resteront à jamais gravés dans les mémoires ? Rencontres, paysages, activités, coups durs, conditions de vie, … ? 
Le voyage se situe surtout dans la démarche, le cheminement. Il consiste en une perte de repère. Développer une ouverture, une curiosité, son sens critique. Rentrer dans un processus créatif de recherche de solution du plus basique au plus complexe. Nous trouvons dans un voyage forcément les questions et les réponses qui correspondent à notre développement personnel, qui nous nourrissent.

Nous sommes partis pour 11 mois de voyage, de  rencontres de l’autre, de découvertes, d’apprentissages…Tout le travail consiste à faire en sorte de ne pas passer pour des touristes ! Et plus dur encore, à ne pas être des touristes parce que malgré tout…

Nous naviguons entre voyageur dans nos têtes et touristes dans les leurs comme nous le rappelle régulièrement le regard, le prix, les attitudes et les paroles des locaux…

        Les hordes de moto taxis nous assiègent ; On nous demande à quel hôtel il faut nous amener…nous ferons le chemin vers le centre-ville à pied, a contrario des locaux qui se déplacent le plus souvent en moto taxi, la différence, c’est qu’eux appellent la moto taxi ; On nous fait acheter des ballons avant de se rendre au village, on se sent un peu comme les riches touristes à qui on peut tout demander sans se poser la question du prix ; On nous parle anglais ; On nous demande des bonbons ou des sous ; On nous appelle gringo ; On veut nous vendre les ananas trois fois leur prix ; On nous appelle « touristes venus faire un projet dans le village » ; « Gringo » m’appelle un mec avec qui je viens de partager quelques bières. Il  m’offre des bananes pour que j’en goûte de différentes sortes. Il me dit que l’important c’est ce qu’on a dans le cœur, pas ce qu’on a dans la tête. « Pourquoi tu m’appelles gringo ? » il me montre ma tête…

         On est quand même des touristes.

       C’est écrit sur nos têtes, sur nos gestes, sur nos vêtements, difficile de faire autrement.
Cuzco, Pérou ; touristes parmi les touristes, on passe du temps à l’hôtel, à retirer des sous, à visiter des boutiques d’artisanat, à acheter, à chercher un ordi, à chercher internet. Aucune rencontre. Après la vie collective, la vie communautaire dans les familles, la ville est parfois la retrouvaille agréable avec la modernité, l’hygiène, le confort, les commodités, une douche chaude, un lit. Mais quand celle-ci est trop touristique, que tous les couchs surfeurs sont guides, que les marchands nous harcellent à chaque coin de rue, ce ne sont plus des retrouvailles mais une corvée.

         Le paradoxe

        Les lieux touristiques c’est chiant parce qu’il y a plein de monde. Ras le bol des hôtels "backpackers" où tout est écrit en anglais. Où tout le monde parle anglais. Mais c’est là aussi que l’on a parfois fait des rencontres sympas avec d’autres français. Toujours des moments agréables pour échanger sur nos voyages, écouter, raconter quelques anecdotes ou bonnes adresses.
Et nous touristes ou voyageurs, y a-t-il une différence aux yeux des baleines ? Ca y est on s’est approché, tranquillement, elles ont avancé, elles ont continué leur chemin. Et paradoxalement je suis frustré. L’humain veut du spectaculaire. Si on sait que l’on peut voir mieux, on veut voir mieux, une sorte de consommation du paysage, de la nature irrésistible. Un moyen de mieux comprendre l’hyper consommation.

        Des voyageurs ou des touristes différents ?

      On reste dans un lieu ; On est invité sans rien demander ; On se sent mieux, un peu chez nous ; On trouve des repères ; On nous offre des bonbons ; On nous dit « hasta lueguito » ; On finit par nous faire payer le même prix que les locaux, on ne veut pas non plus un traitement de faveur, simplement être vu comme les leurs, erreur ? ; On nous dit qu’on est différent des autres touristes ; On nous remercie pour tous ce qu’on apporte ; On nous apprend des plats typiques ; On nous enseigne l’aymara et le quechua ; On nous accepte comme des amis.

Le voyage est un mélange des 2.



Alors il y a le bon et mauvais voyageur :

Le mauvais voyageur : il voyage, il visite, il prend des photos, il se déplace, il regarde, il va sur internet, il fait des rencontres.

Le bon voyageur : il voyage, il visite, il prend des photos, il se déplace, il regarde, il va sur internet, il fait des rencontres.

ça se voit tout de suite!





Les guides de voyage :

Super pratique pour visiter un maximum de truc dans un temps très court, pour ne pas galérer quand on arrive de nuit dans une ville où l’on a besoin de trouver un hôtel. Oui mais finalement très réducteur, un guide c’est le risque de ne jamais sortir des sentiers battus tant il y a de choses à vivre. Sans guide, on demande aux gens, c’est l’occasion de rencontres, d’échanges, de suivre des conseils.



Le guide, c’est nous ! C’est vous !


        
Solène et Kevin

vendredi 18 mai 2012

Au pays des lamas – 2ème Partie

Mercredi 18 avril 2012, nous descendons de notre camion de lamas et nous entrons dans le centre de Santiago de Andamarca. Il est 17h. Le village semble désert. Seules quatre personnes sont assises devant une petite épicerie. L’une d’elle nous offre un large sourire et nous dit que l’on pourra sûrement nous loger dans les locaux de la Mairie. C’est effectivement là que nous passons la nuit.


Le centre du village de Santiago de Andamarca



Le lendemain, Solène et Kevin se baladent dans le village, vont à l’école, rencontrent des professeurs et des habitants... ils sont emballés par les lieux. Avant de venir jusqu’ici, nous cherchions une commune où les enfants n’ont pas classe l’après-midi afin d’avoir le temps de pouvoir leurs proposer le projet. A Andamarca, les enfants n’ont école que jusqu’à 13h et nous pouvons donc rester avec eux tout l’après-midi.

Notre logement de fonction

Jeux en extérieur avec les enfants

Une entrevue avec le Maire et nous proposons le 3ème projet « Tocar y Jugar »  aux 96 enfants de l’école primaire. Le projet dure 3 semaines, une vingtaine de jeux sont proposés et une quinzaine sont réalisés en matériaux de récup’. Ce 3ème volet de fabrication de jeux est un succès tel que nous recevons jusqu’à 50 enfants par jour (pas tous les jours quand même…).
Nous sommes donc obligés de faire des groupes pour apprendre à mieux connaître ces niños.






Certaines fins d’après-midi, nous recevons la venue de collégiens, de professeurs et même de parents.
Grâce à l’expérience des projets précédents, nous mettons rapidement en place un système de prêt des jeux afin que les enfants puissent ramener leurs fabrications chez eux et puissent jouer en famille.


Le "Dou Shou Qi" réalisé en matériaux de récup'




Durant ces jours passés là-bas, nous assistons également aux défilés du 1er Mai, Fête du Travail et du 2 Mai, Fête du collège d’Andamarca. Nous sommes même invités à la table du Maire et des Autorités des communautés voisines.

Défilé du 2 Mai 2012, Fête du collège d'Andamarca


Après un mois passé à 3800m d’altitude sur l’Altiplano bolivien, nous repartons en laissant les jeux à l’école primaire. En espérant que tous pourront continuer de jouer encore un long moment.

Anthony.

Au pays des lamas - 1ère Partie

Cela fait quelques semaines que nous vous avons délaissé et fait languir, mais c’était pour la bonne cause ! Alors comme vous avez été très patients, voici des nouvelles toutes fraîches en provenances du pays des lamas.

Le 4 avril 2012, nous passons la frontière Argentino-Bolivienne par les villages frontaliers de La Quiaca (Arg) et de Villazon (Bol). Nous arrivons à Tupiza, au sud de la Bolivie où nous découvrons une magnifique région que nous prenons le temps de visiter en y restant deux semaines.

Alentours de Tupiza

Désert dans le Sud Lipez

C’est dans cette partie appelée « Sud Lipez » que se trouve le « Salar de Uyuni » que nous traverserons suite à 4 jours de virée touristique en 4x4. Durant cette escapade organisée, nous en prenons plein les mirettes avec ses montagnes aux sommets parfois enneigés, ses lacs multicolores, ses lamas et ses flamands roses en totale liberté.





Parfois, il faut savoir se retenir !



  



Flamands roses dans la Laguna Colorada


















Après cette bonne dose de tourisme et de touristes, l’envie s’oriente vers la réalisation d’un nouveau projet « Tocar y Jugar ». Notre objectif : une petite communauté andine où nous pourrions restés quelques semaines en vivant avec les locaux tout en proposant ledit projet.

Nous déjeunons à Orinoca, village dont est originaire le Président Bolivien, Evo Morales, puis nous engageons une audacieuse tentative de « pouce » sur une route où il ne passe quasiment personne. Le deuxième camion s’arrête et le chauffeur nous dit qu’il va à Santiago de Andamarca. Nous ne connaissons pas et en regardant « vite fait » sur la carte, ça n’a pas l’air trop loin de ce que nous avions envisagé. Il nous ouvre la remorque du camion et nous découvrons que nous allons voyager en compagnie de charmantes bestioles laineuses. Et c’est parti pour 50 km, soit 1h30, avec une quarantaine de lamas ! Quelques-uns nous font des offrandes odorantes tandis qu’Anne-Laure tente de les organiser pour que nous ayons un peu de place : « Toi, tu te mets là et puis toi, ici,… »
Un voyage unique et magique qui restera gravé dans nos mémoires.


Anne-Laure en train de ranger les lamas

Anthony.

dimanche 22 avril 2012

Le doigt, c'est magique ! (A dedo, 3ème partie)

De notre côté aussi, l'aventure en "pouce" nous a tentés et nous avons fait de belles rencontres grâce à cet outil magique qu'est le doigt ou "dedo".

Sur la route, le doigt a fait s'arrêter Alejandro, ingénieur, 31 ans et argentin. Il est en vacances et en profite pour visiter les immensités de son pays. Lui, habite à Trelew, une ville sur la côte Pacifique près de la Péninsule Valdes. Nous parlons d'éco-construction, de l'Argentine et des Argentins. Il n'hésite pas à faire un "petit détour", selon lui, de 50 km pour nous conduire au terminal de bus d'Esquel. En effet, nous devons rapidement rejoindre le Parc National Torres del Paine situé à 1500 km de là. L'aventure "pouce" s'arrête donc ici pour l'instant pour nous. Merci Alejandro. 

De retour du Parc Torres del Paine, nous voulons retenter l'expérience "dedo" à partir d'Esquel jusqu'à San Martin de los Andes, plus au Nord, où nous attend Daniela, notre couchsurfeuse.
Mais revenons-en à nos doigts.
Après une fourgonnette de la "D.D.E." argentine, et un camion chilien, nous arrivons à El Bolsón où nous rejoignons Solène et Kevin pour l'anniversaire d'Anne-Laure.
En attendant que la magie opère...
Le surlendemain, nous reprenons la route grâce à Diego qui nous emmène jusqu'à Bariloche en nous parlant des héros de l'Argentine que sont Perito Moreno et San Martin. Très intéressants.
Jusque là, tout va bien... Et puis, nous attendons un peu plus de deux heures à Bariloche. Nous commençons à nous dire que nous ne rejoindrons pas San Martin ce soir et qu'il va falloir soit rentrer en ville, soit planter la tente.
Une voiture s'arrête ! Nous n'y croyions plus ! Sans même à savoir où elle va, nous jetons nos sacs à l'arrière et nous grimpons. Au volant de la R21 Break, une femme au large sourire nous dit : "Vous n'êtes pas bien placés, je vous emmène 20 km plus loin." Et puis, elle enchaîne : "Je vais rejoindre mon fils et sa copine et nous allons visiter une lagune à 20 km d'ici. Ça vous dit de venir ?" La fin de journée approchant, nous n'avons plus l'espoir d'aller plus loin, nous acceptons donc son invitation avec plaisir. "Eso es aventura !" s'écrie-t-elle. Et effectivement, sans le savoir, nous allons vivre une belle aventure avec Vilma.
Avec Vilma, Hernan, Adrian (le fils de Vilma) et Judith (la belle-fille)
Après la lagune, la nuit est là, et Vilma nous invite chez elle pour dîner et dormir. Nous y rencontrons son ami Hernán et son caniche H. Hernán est menuisier et lorsque nous parlons de Tocar y Jugar, il est emballé par l'idée. Demain, nous devons rejoindre Daniela qui nous attend à San Martin mais tous deux nous invitent à revenir pour essayer de faire des jeux dans l'atelier d'Hernán.
De retour de San Martin, nous resterons une semaine chez eux.
Finalement, grâce à un pouce levé, nous avons rencontré des personnes hautes en couleurs, d'une vraie gentillesse et d'une générosité immense.
Un petit calin avec H
Merci à Vilma et Hernán pour leurs expériences enrichissantes et pour leurs bonnes ondes qu'ils ont partagées. Vous nous avez rechargé les batteries et embelli un peu plus notre périple.

Le doigt, c'est magique ! 

Anne-Laure et Anthony.

vendredi 30 mars 2012

Volontariat au parc Torres del Paine : une belle arnaque!! Comment travailler gratuitement pour un hôtel de luxe ?

Au mois de février, nous avons fait du volontariat au PARC NATIONAL TORRES DEL PAINE au Chili. Une manière de découvrir le parc d’une manière différente, d’être moins touristes, de servir une cause environnementale et un moyen aussi d’être en contact avec les travailleurs du parc.

Dès notre arrivée, première surprise en découvrant le plan du parc; nous sommes dans une zone particulière : une propriété privée, LA ESTANCIA CERRO PAINE ! Nous ne sommes donc pas dans le parc national protégé par l’UNESCO. Voici un premier mensonge sur le site internet d'AMA Torres del Paine, une association environnementale.  
Deuxième surprise, cette association a été créée par les propriétaires de l'Estancia. Ceci pose un conflit d’intérêt. Sur la propriété, deux gérants se partagent les installations touristiques : l’Hôtel Las Torres qui s’occupe de l’hôtel de luxe et Fantastico Sur qui gère les campings et refuges. Leur principal intérêt est de gagner un maximum d’argent. L’objectif de l’association environnementale AMA Torres del Paine est d’aider à la conservation des ressources naturelles et culturelles dans sur la commune Torres del Payne qui englobe plusieurs villes et villages ainsi que la totalité du parc. En réalité, le travail de l’association se réduit à la partie privée.  AMA ne peut pas être un contrepouvoir puisque les mêmes personnes sont à la tête de l’association et de la gestion financière de l’Estancia. La seule personne qui n’est pas liée directement aux propriétaires est l’employé de l’association. Cette personne souligne les dysfonctionnements écologiques, proposent des projets mais ne peut pas voter et n’a aucun pouvoir de décision.

Si AMA se proclame "protectrice de l'environnement", comment peut-elle expliquer :

que les chevaux circulent librement dans le parc alors qu'ils sont une catastrophe pour l’érosion des sentiers...mais une balade à cheval s'est tellement vendeur!
que l’Hôtel Las Torres utilise de la mort aux rats alors que celle-ci risque d’empoisonner les prédateurs des rats et de perturber la chaîne alimentaire (renard, rapaces, pumas, et autres espèces endémiques de Patagonie…)...mais les rats c'est tellement dégoutant!
que l’Hôtel Las Torres s'autorise à faire des michouis alors que le parc est touché régulièrement par des incendies dévastateurs (un dixième du parc a brulé en janvier 2012)...mais un mouton à la broche, c'est tellement classe!

AMA a été créé par les propriétaires du parc pour deux raisons :

Premièrement : trouver de la main d’œuvre gratuite. Les volontaires prennent le travail de personnes qui devraient être contractualisées pour l’entretien et le nettoyage des sentiers. Ils ramassent les déchets laissés par les employés pour construire un pont. D’ailleurs, il y a eu des employés payés par l’Hôtel Las Torres et Fantastico Sur qui s’occupaient des sentiers de randonnée. C’est souvent un problème posé dans le volontariat mais c’est accentué lorsque l’on travail finalement pour un hôtel qui fait payé les touristes 2000 dollars tout compris pour 4 jours.
Deuxièmement : donner une image positif de l’hôtel. Sur le site de l’Hôtel Las Torres, il est clairement explicité que les touristes contribuent pour une partie à la préservation du milieu environnemental en dormant à l’hôtel. Effectivement, les finances d’AMA sont très liées avec celles de l’hôtel. Les panneaux fabriqués par AMA donnent une valeur ajoutée non négligeable.
Un sondage réalisé par l’association sur les guides, agences, et gestionnaires du parc montre que 55% des gens pensent qu’AMA est un projet privé qui bénéficie uniquement à l’Estancia Cerro Paine. Ce type de sondage doit avoir pour but de changer cette image…Malheureusement, seuls les locaux s’en rendent compte.
Les volontaires ont des conditions de travail similaires aux employés à la différence près qu’ils ne touchent aucun salaire et qu’ils payent même 7euros pour la nourriture et l’hébergement (en tente). Ils sont traités comme des adolescents, consommation d’alcool interdite en dehors des heures de travail. L’électricité est coupée à 1h du matin dans les maisons des travailleurs pour qu’ils ne fassent pas la fête.  On sent une confiance profonde… Et si on se blesse qui nous couvre ???

Ce message est rédigé pendant le temps de travail grâce à la connexion internet de l’hôtel dans le bureau de 4 mètres carrés d’AMA partage avec un autre travailleur, avec un accès au compte rendu des réunions. 

Dur dur de trouver du volontariat, c’est le seul que l’on avait trouvé par internet et pour lequel cela ne coûtait pas une fortune. Vivement un nouveau projet avec Tocar y Jugar !

Concernant le parc, on peut aussi se poser des questions; l’entrée est chère, 15000 pesos soit 22 euros, et à priori seulement 3000 pesos sont reversés au parc, le reste va à la région. Donnée à confirmer. Une baisse du nombre de touristes parait une solution nécessaire pour la préservation. Mais c’est une question difficile, souvent la sélection se fait par l’argent comme aux îles Galapagos ou dans le parc Huascaran au Pérou, accès impossible sans guide à moins de faire partie d’un club d’alpinisme. Une conférence d’un scientifique nous rappelle que les parcs naturels ont été créé pour préserver les espèces qui y vivent. L’objectif premier n’est pas le tourisme ni la randonnée. C’est une chance de pouvoir accéder à leur habitat, pas un dû. Les clôtures des chevaux avec d’autres parties privées empêchent le passage des jeunes guanacos, certains trouvant parfois la mort empêtrés dans les barbelés des clôtures. Travailler en partenariat avec les domaines privés paraissent être une montagne pour les gardes parc de la CONAF.

Si vous souhaitez venir travailler ici, c’est l’occasion de partager plein de choses avec les travailleurs, avec  d’autres volontaires, la possible chance de travailler sur un projet scientifique qui concerne tout le parc et celui-ci est magnifique et vaut bien un tour d’horizon. Nous avons fait un travail réellement intéressant et enrichissant mais c’est important d’être conscient de tout ça. Après un tour du parc nous avons rencontré des volontaires avec la CONAF (l’organisme public qui gère le parc), ils étaient 120, surtout des chiliens, les infos sont sur : Instituto de la Juventud de Chile.

Kevin

lundi 26 mars 2012

a Dedo a dedo, la fin !

suite et fin du précédent message...

Troisième jour : Sur la route 40, objectif : le sud ! et bien sur un camion pour Puerto Natales. 
314 km jusqu’à  Gobernador Costa

Devant le camping et avant la ville du Bolson, on commence à tendre le pouce de bonne heure, dur dur et bien sûr, aucun camion !… Jusqu’à ce qu’une voiture s’arrête, chouette ! non, pas de bol ce n'est  pas pour nous prendre...mais...quelle surprise !!! Tony ouvre la porte, on échange quelques mots, tout va bien, on continue.





 On décide de marcher pour faire du stop à la sortie de la ville. Toujours rien…pourtant les hippies et les voitures avec des personnes seuls ne manquent pas…. jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’on s’est trompé de sortie. Une heure de marche plus tard sous un grand cagnard, nous voilà rendu sur la route 40 à côté de vendeurs de cerises, l’occasion de se restaurer mais…tant pis pour les cerises car 30 secondes plus tard une voiture s’arrête ; Un papi qui part faire des photos vers des lacs autour d’Esquel. Une chouette rencontre avec cet Argentin, on s’arrête faire des photos sur le bord de la route. Malheureusement on écrasera un petit tatoo en chemin ! On papote sur des musiques qui collent parfaitement avec le paysage. Un bref aperçu de la politique argentine. Des paysages grandioses mais qui deviennent de plus en plus secs.  Il nous laissera à un croisement au milieu de nulle part.


Une dame fait déjà du stop, on se met après, elle est prise au bout de 5 minutes. On attend, on attend. Toujours aucun camion… Un train semble sortir de nulle part, il arrive d’une autre époque. On s’imagine déjà passer la nuit ici ; il y a une petite maison au loin, on peut espérer qu’ils aient de l’eau : il fait très chaud et il ne reste plus grand-chose de nos 2 litres et demi. Au moment où on ne l’attend plus, une voiture s’arrête. Une super rencontre avec un ingénieur agronome originaire de la capitale. Il aide les paysans à améliorer les rendements de leurs exploitations ovines, à vendre la laine et la viande à de meilleurs prix, la laine est souvent vendu en Chine. Ici, une exploitation ovine normale compte 3000 moutons. Ça change des 6 moutons en Equateur. A 20H30, il nous dépose à la station-service dans sa petite ville, il a une réunion et nous propose de repasser à 21H30, si on est toujours là il nous invite au resto. Je vais donc retirer des sous au cas où on aille manger avec lui. Pendant ce temps, Un CAMION passe ! GRRR, Le seul qui est passé pendant une heure.  21H30, malgré de nombreux sourires, les gens ne vont pas bien loin. Il arrive, on tente de l’inviter mais il ne lâchera pas, l’invitation était sienne. Nous voilà  dans un petit resto local, premier asado argentin, viande grillée à la braise. En sortant du resto, évidemment, des tas de camions passent !!! Grrr Il nous a proposé de planter la tente chez lui, finalement, on dormira même dans la chambre d’ami. Il est très attentionné ; une super nuit.


Quatrième jour : objectif : le sud, encore et toujours !

On part pour le désert, on s’équipe, 7 litres d’eau, à la fin de la ville les voitures sont rares, les camions évidemment inexistants !!!! GRRR  On s’assoit à 5 mètres de la route à l’ombre, on voit les voitures arrivées de loin, 2h30 plus tard, on décide de marcher plus loin, beaucoup nous font des signes, on veut être sûr que les voitures aillent dans notre direction. Après quelques kilomètres de marche, une voiture finit par s’arrêter, un Kangoo ! Ouf, et la commence une rencontre incroyable de  1213 km. Gustavo va jusqu’à Ushuaia, on change nos plans de route, on ne continuera pas sur la route 40, on le suit, l’occasion est trop belle pour faire un bon de géant. Une belle histoire sur une route toujours magnifique, U2 en musique de fond. On croise des animaux qu’on croyait d’un autre continent, des nandous, des guanacos, premier aperçut de la côte Atlantique vu de l’autre côté. La conversation est naturelle, on apprend beaucoup sur la culture argentine. De nombreux arrêts dans les stations-services, l’occasion d’échanger boisson chaude et galettes. Il est un des rares argentins à ne pas boire systématiquement du maté. La route est longue, vers minuit je prends le volant, ça faisait longtemps. Mais tranquillement,  des renards, des lièvres traversent régulièrement la route, pleins d’animaux morts sur le bas-côté. Arrivée à Rio Gallegos à 2 heures du matin. Gustavo dort dans sa voiture et nous dans la gare routière. On prendra un bus le lendemain, il reste à peine 5 heures de route.


Cinquième  jour : Jusqu’à Puerto Natales

Dans la gare routière, nous nous endormons seuls avec le gardien, nous nous réveillons tranquillement, surprise, la salle est pleine !! On prend les billets pour le bus de 11 heures. On déjeune avec Gustavo puis il reprend la route. On attend sagement jusqu’à ce que…2 touristes passent dehors, une veste orange et une violette avec des gros sacs. Incroyables retrouvailles avec Tony et Anne-Laure. Ils sont arrivés la veille, et ont déjà pris leur place dans le même bus que nous. 5 heures de trajets pour se raconter nos aventures en stop. On arrive ensemble à Puerto Natales. J’avais fait une demande de couch pour 2 ne sachant pas si on arriverait ensemble. Je téléphone, ok pour 4. En arrivant il y a déjà un russe, ensuite un couple d’espagnols sont arrivés puis un couple de français, puis un maltais, un américain, une américaine, une slovaque, un belge, une italienne, un hongrois... Tout ce petit monde dans la maison de monsieur et madame tout le monde avec leurs 2 enfants. Une vraie auberge espagnole. Chez eux sont déjà passés plus de 1000 couchs surfeurs, une carte du monde permet à chacun de mettre une épingle avec son nom et de la mettre où il vit. Devinez quoi, impossible d’en mettre une à notre nom, la majorité sont des Européens et la plupart du temps, des français ! L’Afrique, elle, est plutôt vide…à méditer...

Bon, on nous avez dit " le stop au Chili, trop facile, si tu es pris par un camion, tu es sûr de faire un bond de géant jusqu'au Sud!" Pour nous, le mystère reste entier au sujet des malicieux mille roues, il faut savoir que nombreux sont les camions que l’on a croisé, même doublé avec Gustavo, mais à croire qu’ils sont allergiques au pouce !!
Gustavo nous a invité chez lui. Nous avons passé quelques jours avec lui, Yamina et leur  fille Uma.


Kevin et Solène

dimanche 4 mars 2012

A dedo!! premiers jours de pouce

Message faisant suite au message précédent...

Après quelques trajets de mini pouce, 
nous nous sommes décidés à faire du pouce dans la cour des grands…

Objectif : De Chillan à Puerto Natales en faisant du pouce!!  Plus de 2000 km !!!
Une expérience magique !!!




Premier jour : Objectif : Osorno 527 km

Après un petit bus de ville pour nous mettre en situation favorable, nous sommes dans l’obligation de diviser le groupe en 2 pour une efficience maximum.  Les débuts sont difficiles… Après une bonne heure et un peu de marche, on finit par prendre un bus pour sortir de la ville. Ça commence mal !

Nous arrivons discrètement sur la route 5 à une station-service. Ce sont les vacances, il y a beaucoup de voitures mais la couleur est annoncée : voitures chargées + beaucoup d’autostoppeurs en route vers le sud. La concurrence va être rude ! D’autant que certains autostoppeurs sont équipés : guitares, pouce géant, chiens, perruques, prières…


Bref, de camions en voitures, de rencontres en rencontres et de voitures en camions, nous avançons tranquillement, malgré les petites perturbations du début.  Un placement bien pensé nous a souvent permis d’être pris avant nos adversaires sans toutefois pourfendre le code implicite de l’autostoppeur.

Nous arrivons jusqu’à l’objectif du jour : Osorno en terminant par un camion de gaz, pas très rapide mais Mauricio nous fait faire un joli bon, son nom de code « CB » est Sandocan, il parle avec des collègues, il aime son métier, voyager seul sur des routes magnifiques. Même s’il est souvent loin de sa famille. Il nous raconte un tas d’histoires, parfois difficiles à comprendre avec le bruit du moteur et surtout un sacré accent chilien ! - de loin l’espagnol le plus difficile à comprendre ! - Il aime converser avec des gens de tous les horizons, avec les mexicains, les colombiens, les gitans. Il est papa poule, refuse que son fils parte étudier à Barcelone et lui préfère une carrière militaire au Chili. On passe le trajet à parler de bouffe alors qu’on n’a pas eu le temps de manger le midi... Il nous parle des fameuses tortillas (pain cuit dans les braises) que nous dégusterons ensemble à 23h avant de nous faire déposer à une station-service de luxe pour passer la nuit. Un vrai petit coin de verdure avec d’immenses arbres. Nous ne sommes pas seuls, 3 autres tentes à côté de nous au réveil. Tony et Anne-Laure ont eu la chance de se faire héberger par leur chauffeur à Valdivia.


Deuxième jour : Objectif : el Bolson en Argentine 392 km

Au petit matin, l’air d’autoroute est remplie de camions…peut-être l’occasion d’en trouver un qui irait directement jusqu’à l’objectif final, le rêve !!! Malheureusement aucun ne fait se trajet. 

Nous commençons par un poids lourd avec cabine grand luxe, presque un appartement. Nous ne suivons pas le même itinéraire, nous descendons rapidement, dommage ! Ensuite, de balades touristiques en paysages magnifiques le long des lacs, nous nous dirigeons lentement vers la frontière avec un couple en kangoo avec qui on fait une séance photo. Pas de chance, un camion passe pendant la séance photo ! Raté ! Puis on monte à l’arrière d’un pick up, des petits airs d’Equateur…. A peine déposer avant la frontière, une voiture s’arrête, un homme descend et nous interpelle et nous explique : nourriture interdite à la frontière. Ils sont 5 avec de la nourriture pour 10, ils nous invitent donc à pique-niquer avec eux. Des profs partis en vacances en Argentine, on parle évidemment du système éducatif chilien, pas facile d’être étudiant ici, généralement ils s’endettent pour des années grâce au prêt du gouvernement avec un taux exorbitant ! 

Bien repus, nous partons franchir la frontière côté chilienne à pied. Le moyen de locomotion le plus rapide, on passe devant un tas de voiture qui n’ont pas voulu s’arrêter, des bus…et avant les gens qui nous ont déposé. 

C’est reparti avec un couple de santiago fort sympathique. On traverse la frontière Argentine en un rien de temps, madame a beaucoup de tchatche et de caractère. Ils connaissent bien l’Europe, la Suisse, l’Allemagne, la France. Tous les Chiliens ont des grands parents ou arrières grands parents européens. Ils partent en vacances à Bariloche, un endroit magnifique. C’est aussi un haut lieu de l’immigration nazi après la seconde guerre mondiale. Il y a aussi beaucoup d’Allemand qui ont migré avant ou pendant la seconde guerre mondiale pour fuir le nazisme. On reconnait facilement les Allemands avec le D sur leur voiture. Nous arrivons relativement tard, nous décidons donc de prendre un bus, il nous reste 2 heures jusqu’au Bolson ; le couple décide de faire un détour pour nous amener retirer des pesos argentins et nous déposent au terminal. Trop gentils !

Le bus part avec une heure de retard, on aurait été plus vite en stop !! On arrive de nuit au Bolson, la fameuse ville construite par des hippies de tous horizons dans les années 60 et ville dans laquelle on voulait visiter un éco-village. En arrivant, on se fait alpaguer par des jeunes qui veulent nous proposer leur camping. Un peu la désillusion, ça fait surtout hyper touristique, on voit une affiche de l’éco-village qui est à 20 km de là dans la montagne.

Les fameux camions ont été inexistants pendant notre route, on commence à se poser des questions. Mais le deuxième soir alors que nous partons manger en ville, voilà qu’ils défilent tous les uns après les autres. GRRRR !

à suivre...

Kevin